Assistance holistique aux victimes

Accompagnement spécifique des victimes

L’accompagnement spécifique des victimes de violences basées sur le genre doit répondre à l’urgence et s’inscrire dans la durée. Il s’agit à la fois de répondre en urgence aux violences subies en apportant les premiers soins, mise en sécurité et conseils, mais également d’engager un suivi durable, car le processus de restauration et de réparation s’étale en réalité sur le moyen voire le long terme. Également, la réponse doit être centrée sur les victimes, dans l’empathie et le respect strict du consentement et de la confidentialité, mais inclure également leurs proches. Le processus de restauration peut en effet nécessiter que le suivi ne soit pas seulement destiné à la victime elle-même mais implique également son entourage : enfants, conjoints etc., non seulement parce qu’ils peuvent être des victimes indirectes, mais aussi parce que les soins apportés à la victime peuvent nécessiter l’implication et la sensibilisation de ses proches.

Un outil clé de l’assistance holistique repose sur le mécanisme de guichet unique à travers lequel les quatre piliers de l’approche holistique peuvent être mise en place. Le Modèle de Panzi est un exemple de guichet unique. L’idée de base du guichet unique (ou « One-Stop Centre ») est de fournir tous les éléments clés de l’approche holistique dans un système unique. La plupart des centres à guichet unique s’articulent autour de quatre piliers : les soins médicaux, les soins psychosociaux, l’assistance juridique et la réintégration socio-économique. Idéalement, ces services sont accessibles sous un même toit et via un seul point d’entrée. Il est important que ces services fonctionnent à proximité les uns des autres. En d’autres termes, les différents secteurs de services se coordonnent, collaborent et dépendent l’un de l’autre pour fournir des soins au sein d’un même système.

Les piliers du modèle holistique

L’approche holistique de Panzi se caractérise par quatre piliers, représentant les différents types de services offerts: soins médicaux, psychosociaux, assistance juridique et réinsertion socio-économique. Ces services visent non seulement à répondre au spectre complet des besoins de rétablissement et de guérison des survi-vant-e-s, mais aussi à leur permettre de reconstruire leur vie et de se réinsérer dans leur communauté. Les quatre piliers sont les suivants : 

Pilier médical

Il s’agit, d’une part, de collecter en urgence les données permettant d’attes-ter des lésions subies et d’apporter les premiers soins gynécologiques, médicaux et infirmiers. Il s’agit ensuite de prodiguer l’ensemble des soins nécessaires au rétablissement. Ils peuvent notamment inclure le suivi d’une grossesse ou le traitement d’une IST/MST consécutive des violences, mais également un véritable suivi chirurgical destiné à la reconstruction de l’en-semble des fonctions affectées par les viols ou autres violences.

Pilier Psychologique

En complément des soins médicaux, une aide psychologique d’urgence et un suivi régulier doivent être proposés aux victimes de violences sexuelles afin de les aider à surmonter le traumatisme vécu et/ou un stress post-traumatique selon la date de début de prise en charge. Cette aide peut également être étendue aux proches de la victime (conjoint et/ou enfants) soit afin de les aider à accompagner la victime, soit afin de les aider à surmonter leur propre traumatisme consécutif des violences subies.

Pilier juridique

En complément des soins médicaux et psychologiques, les victimes de violences sexuelles doivent pouvoir bénéficier d’une assistance dans leurs démarches juridiques. Il s’agit de les accompagner, lorsqu’elles le sou-haitent, dans les procédures destinées à ce que les violences subies ne de-meurent pas impunies. Pour ce faire, elles doivent être informées de leurs droits et assistées durant l’ensemble du processus : du dépôt de plainte à la fin de la procédure judiciaire. L’objectif est tout à la fois de leur offrir un soutien dans des démarches pénibles, mais également qu’elles disposent des meilleurs conseils juridiques afin d’obtenir une réparation effective (peine, dommages et intérêts, mesures de protection et exécution de la sentence prononcée).

PILIER ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

En complément des soins médicaux-psychologiques et de l’assistance juridique, un accompagnement économique et social doit être proposé aux victimes de violences sexuelles. Il s’agit en premier lieu de les aider à surmonter les conséquences que peuvent générer ces violences : isole-ment familial et social et/ou pertes de revenus (perte de biens, empêche-ment de travailler, départ du domicile etc.). Il s’agit en second lieu d’envisager la justice en tant que justice transformatrice, c’est-à-dire en permettant aux femmes victimes que non seulement leurs droits soient restaurés mais aussi que leurs situations soient améliorées (autono-misation/émancipation économique et sociale) afin de prévenir la répétition des violences.

L'IFJD : Acteur du modèle holistique

En 2020 a été mis en place un centre holistique d’assistance aux victimes de violences sexuelles à Bangui à travers le projet dit « Nengo », signifiant « Dignité » en sango, pour une durée initiale de 4 ans. Le centre a été créé dans le cadre d’un consortium réunissant l’IFJD et les Fondations Pierre Fabre, Panzi et Dr Mukwege, avec un financement de l’Agence française de développement (AFD) et la Fondation Pierre Fabre.

Le projet Nengo permet aux victimes de violences sexuelles et violences basées sur le genre, de Bangui et des provinces, d’accéder à des soins de qualité, selon un parcours coordonné, accompagné et complet, grâce à la mise en place d’un centre « Guichet unique » localisé au sein du Centre Hospitalier de l’Amitié Sino Centrafricaine et de l’Association des Femmes Juristes de Centrafrique (AFJC). Ce centre holistique permet ainsi aux victimes d’accéder, au sein d’une même structure, à des soins médicaux et psychologiques, une assistance juridique et judiciaire et un appui au relèvement socio-économique. Ce projet participe également à la prévention des violences sexuelles et basées sur le genre dans le pays.

Dans le cadre du Projet Nengo, l’IFJD est principalement charger de coordonner :

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